Vivre un deuil – 2/2

Nous avons connu, nous connaissons ou nous connaîtrons tous un jour un deuil.
Cet article répond à quelques questions fréquentes sur le deuil.

  • Qu’est-ce que faire son deuil ?

Faire son deuil, ce n’est pas « oublier » comme on pourrait le croire. Cela passe par le souvenir de la personne décédée et par le fait de parler de la personne défunte. C’est un processus psychique qui demande du temps et de l’énergie. Ce processus est différent pour chacun.

C’est vivre, ressentir, traverser les émotions engendrées par la perte de la personne dont vous étiez proche et par le manque que vous pouvez éprouver. C’est aussi affronter les questions qui se posent à vous. Cela nécessite de pouvoir parler de la personne défunte.

Puis, c’est peu à peu, malgré la tristesse et le manque, pouvoir un jour à nouveau faire des projets, s’affranchir de la culpabilité et ressentir du plaisir et de la joie.

  • Combien de temps dure un deuil ?

Le temps d’un deuil est variable et singulier. Une année est le temps minimum, le temps de revisiter toutes les dates anniversaires jusqu’à celle du décès.

  • Je ne pleure pas : est-ce normal ? Au contraire, je pleure tout le temps, est-ce que ça va s’arrêter ?

Être confronté au deuil, c’est passer par des états émotionnels nouveaux, changeants, parfois tout à fait surprenants.

Habituellement, vous faites partie des gens qui s’émeuvent aisément face à un film, à l’annonce de bonnes ou de mauvaises nouvelles, suite à de grosses journées ou aux événements du quotidien. Les larmes vous aident fréquemment à vivre vos émotions et souvent à les soulager. Aujourd’hui, confronté(e) à la perte de l’un de vos plus proches, vous êtes sans larmes depuis l’annonce du décès ou après en avoir beaucoup versé dans les jours suivants la mort.

À l’inverse, vous qui faisiez partie des « stoïques » ou des moins émotifs, vous vous surprenez à ne plus pouvoir sécher vos larmes, et êtes désormais inconsolable.

Nous ne sommes jamais préparés à la séparation brutale qu’impose la mort. Quand nos réactions émotionnelles nous dépassent, que faire ?

D’abord, tenter de les identifier, de les nommer. Après tout, le fait de pleurer n’est un problème que si cela nous dérange dans notre vie quotidienne. Pleurer est une façon naturelle d’extérioriser la peine, la colère, la peur ou l’épuisement. De même, ne pas pleurer ne veut pas dire que l’on ne ressent pas de tristesse, que l’on n’est pas concerné(e).

Il est important de ne pas négliger la « décharge émotionnelle » que constituent les larmes. D’autres façons de laisser sortir la peine existent. Si vous en avez la capacité, le sport est une façon d’extérioriser ce qui est bloqué à l’intérieur de soi. Des choses aussi simples que de marcher à son rythme, prendre un bain, contempler un paysage agréable peuvent aussi être de grand secours. La relaxation et la méditation permettent avec du temps, et parfois un peu d’aide extérieure, d’apaiser les tensions et de retrouver plus d’harmonie entre les pensées et les émotions.

Comme souvent, retenez que vous aurez à trouver votre méthode, ce qui vous fait du bien à vous. Cela peut prendre du temps, ne vous découragez pas.

  • Vais-je un jour aller mieux ?

Quand la mort survient, l’absence et parfois les circonstances du décès provoquent une très grande tristesse, véritable douleur morale. On perd le goût de vivre, l’envie de faire ces choses qui nous faisaient du bien. Tout semble terne et sans intérêt. Il s’agit alors d’une phase dépressive faisant éprouver des sentiments de peine immense, de désespoir. Cela peut même inciter à penser à en finir avec la vie, parce qu’il semble trop difficile de vivre ainsi, de ne plus se comprendre soi-même, de supporter le manque et cette souffrance.

Lorsque ces sentiments sont les plus intenses, on peut avoir la certitude que l’on restera pour toujours inconsolable. On a l’impression qu’il n’est pas possible d’aller mieux un jour.

Pourtant, cette peine intense s’adoucira. Il n’y a pas de recette, ni méthode. C’est différent pour chacun d’entre nous. On ne peut pas non plus indiquer de délai avant de commencer à se sentir moins mal. On ne reste pourtant pas éternellement à ce point accablé.

Peu à peu, il sera possible de retrouver un peu de plaisir en faisant des choses simples, en réinvestissant les échanges avec les proches, en retrouvant la paix d’un sommeil de meilleure qualité, puis en réalisant des projets, à plus ou moins long terme.

Aller mieux, ça n’est pas oublier celui qui est « parti ». C’est faire petit à petit une place à un peu de légèreté, se laisser surprendre par un bon moment, ressentir à nouveau un désir – et l’accepter. Il vous faudra sûrement accepter de voir changer vos priorités, certaines de vos habitudes, comme peut-être certains liens affectifs.

Parfois, l’on se sent bloqué, à l’arrêt dans notre capacité à aller mieux. Il est alors important de penser à aller parler à un spécialiste – médecin traitant, psychologue, bénévole d’accompagnement du deuil, associations, etc. – de la personne disparue, de notre relation à elle. Dire ce que l’on n’ose pas dire à ses proches, et mettre des mots sur ce deuil qui peut devenir réellement handicapant.

L’enfant et la mort : peut-on le préparer à un deuil ?

  • Comment les enfants comprennent-ils la mort d’un proche ?

Un bébé ressentira tout d’abord la perte d’un proche de façon sensorielle et physique : ne plus entendre la voix de sa mère ou de son frère, ne plus sentir sa présence ou son odeur.

Sur le plan émotionnel, l’absence prolongée ressentie peut engendrer un sentiment d’abandon.

Il est aussi touché dans la mesure où les personnes qui s’occupent de lui sont affectées par le décès.

Les enfants pensent être immortels. Ils considèrent la mort comme un phénomène temporaire et réversible, comme dans leurs jeux : le cowboy tire sur l’Indien, qui meurt et… se relève ! Selon eux, pour mourir il faut être tué, par quelqu’un ou quelque chose.

Enfin, ils peuvent ressentir de la culpabilité à la mort d’une personne très proche : il est donc important de leur dire, dans ce cas, qu’ils n’y sont pour rien.

En grandissant, l’enfant acquiert la notion d’irréversibilité de la mort, et il en comprend le caractère définitif.

  • Comment parler de la mort d’un proche avec un enfant ?

Chacun cherchera comment en parler le plus simplement possible avec l’enfant, à l’aide de mots adaptés à son âge et sans chercher à masquer les faits ou à les cacher derrière des expressions détournées qui vont travestir la réalité.

On peut utiliser le mot « mort » qui appartient de toute façon au vocabulaire de l’enfant. Les expressions comme « il s’est endormi pour toujours » ou «elle est partie » sont source de confusion et d’incompréhension pour l’enfant. Il comprend les mots dans leur sens le plus littéral, et si quelqu’un est parti, alors il peut revenir, s’il s’est endormi, alors il se réveillera.

Les non-dits ou les mensonges, y compris en cas de suicide, sont une source de souffrance supplémentaire pour l’enfant : lorsqu’il découvrira, tôt ou tard, la vérité, il pourra se sentir trahi, trompé ou blessé.

L’enfant peut poser beaucoup de questions, parfois plusieurs fois les mêmes, parfois des questions qui semblent incongrues aux adultes. Pour y répondre, on peut prendre le temps d’écouter l’enfant, tenter de comprendre ce qui le soucie ; on peut s’appuyer sur ce que l’enfant imagine, dire qu’on ne sait pas certaines choses si c’est le cas ; on peut aussi le réconforter par un câlin, tout simplement. L’enfant a besoin de temps.

  • Peut-on aider un enfant à se préparer au décès d’un proche ?

En fonction des possibilités de chacun et du lien que l’enfant a avec la personne malade, diverses manières d’interagir avec lui peuvent être proposées : l’adulte peut lire des livres avec lui  ; il peut prendre le temps de lui parler de ce qui se passe en étant à l’écoute de ses questions.

L’emmener voir la personne malade, si c’est possible et si l’enfant le souhaite, lui permettra de lui dire au revoir. L’enfant peut aussi préférer faire des adieux à la personne qui va décéder par l’écriture de quelques lignes, par téléphone, par un dessin ou un petit cadeau qui vient de lui.

Se préparer aide souvent, pour autant la mort surprend toujours l’adulte et l’enfant.

  • L’enfant doit-il assister aux funérailles ?

Il existe de multiples façons d’associer l’enfant à ce qui se passe dans la famille et de lui permettre de commencer à intégrer la mort de la personne : participer aux funérailles ou lui raconter la cérémonie, imaginer un rituel sur la tombe (déposer une fleur ou un caillou par exemple), ou autrement.

Dans tous les cas, l’enfant a besoin d’être accompagné par un adulte qui saura être attentif à ses émotions, ses questions afin qu’il ne se sente pas seul avec son chagrin. Cela peut l’aider à mieux vivre son deuil.